Depuis quelques années, on entend de plus en plus parler de la notion de Green IT. Pour peu qu’on travaille dans les milieux du numérique, difficile d’être passé-e à côté. Mais alors, qu’est-ce c’est ? A mi-chemin entre une volonté d’améliorer les choses et une manière de faire du greenwashing, faisons le tour de cette tendance.
Une définition du Green IT
Aussi appelé numérique responsable, c’est un ensemble de méthodes et d’actions qui permettent de limiter l’impact que le numérique a sur le monde.
En effet, ce n’est désormais plus un secret : le numérique consomme de l’électricité et pollue. Il faut des matériaux rares et difficiles à extraire pour fabriquer des appareils, et l’hébergement de nos données de plus en plus nombreuses se fait sur des serveurs très énergivores. Plus récemment, le marché des crypto-monnaies et de la blockchain nécessite la connexion en permanence d’ordinateurs très puissants.
Alors que les expert-es appellent à réduire notre empreinte environnementale, il est donc indispensable de prendre en compte le numérique.
Des pratiques, mais aussi un état d’esprit
Le Green IT propose différents types d’actions.
L’éco-conception des outils numériques
C’est le fait de prendre en compte la consommation d’énergie lors de la création d’un site ou d’une application. Plusieurs facteurs entrent en compte : l’hébergement du site, le développement avec des technologies simples et la réduction des animations et contenus externes. Le site sera ainsi plus léger, plus rapide, et favorisé par les moteurs de recherche.
La sobriété numérique
Les utilisateurices sont de plus en plus incité-es à limiter leur présence en ligne, mais aussi le nombre d’appareils électroniques qu’iels possèdent. Augmenter au maximum la durée de vie de nos appareils une bonne pratique par exemple. On peut aussi faire des “digital detox” (temps sans utilisation des réseaux sociaux) et accepter de ne pas être joignable en permanence. Enfin, réduire son nombre de comptes en ligne ou d’abonnements à des newsletters est utile.
Les principes de slow tech et low tech
On peut dire que c’est le contraire de la high-tech. Ils prônent la réduction, voire la non-utilisation d’objets connectés (ou électriques en général). Le low tech fait le choix de se tourner vers les technologies les plus efficientes en se basant sur ce qui fonctionnait avant la démocratisation du tout numérique. Ce sont aussi des pratiques incitant à l’entraide, à l’éducation populaire et au do it yourself.
En résumé, le Green IT, c’est appliquer des actions pour limiter son impact, mais c’est surtout un changement d’état d’esprit vis à vis du numérique. De la même manière que l’écologie nous incite à repenser notre consommation, le numérique responsable nous questionne sur nos pratiques en ligne.
Petit à petit, on réfléchit à ce dont on a besoin ou pas. On essaie d’être moins présent-e sur internet et de faire durer ses appareils. On se demande si c’est raisonnable d’acheter un nouveau gadget électronique.
C’est tout un nouveau paradigme qui se met en place et se transmet à notre entourage.
Une méthode de greenwashing ?
Comme toutes les tendances écolo, le Green IT n’échappe pas aux entreprises qui veulent verdir leur blason. Le capitalisme cherche toujours à s’approprier les avancées sociales et les sujets de société.
Heureusement, il est relativement facile d’esquiver le greenwashing en observant plusieurs critères.
- Tout d’abord, il est important de se rappeler que chaque fabrication d’objet implique forcément de la pollution. Même les énergies renouvelables ne sont pas exemptes d’impact sur l’environnement lors de la création des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques notamment. Les produits 0 carbone n’existent donc pas (désolée).
- On peut également se demander si les promesses présentées sont tenues ou atteignables. Souvent, ce seront des objectifs plutôt flous pour se donner bonne figure à peu de frais.
- Vous pouvez regarder les autres activités de l’entreprise. C’est bien joli de vendre de l’électricité verte (et revoir le point 1 à ce sujet), cela sera peu utile si on pratique l’extraction pétrolière à côté. Beaucoup d’entreprises développent un service “écolo”, mais leur chiffre d’affaire repose essentiellement sur des services ou une clientèle plus polluants.
- Faites attention aux labels auto-appliqués. Certains créent leur propre label et peuvent donc valider eux-mêmes leur éco-responsabilité. Faites confiance à des labels fiables qui certifient de nombreuses entreprises, ou des normes standardisées comme ISO 14001 qui mesure le management environnemental.
Que faire de mon côté ?
- Faire durer ses appareils le plus longtemps possible, et les réparer dans des ateliers si besoin. Favoriser l’achat de matériel d’occasion.
- S’impliquer ou donner dans des organisations comme des recycleries ou des ateliers de réparation comme la Rebooterie à Toulouse.
- Questionner nos usages numériques et réfléchir à nos besoins en termes de services pour limiter notre empreinte sur les internets. A-t-on besoin d’être joignable en permanence ? Est-ce pertinent de poster tous les jours ?
- Réduire notre présence en ligne. Adieu les newsletters non lues, les comptes en ligne qu’on n’utilise pas et les logiciels trop gourmands.
- Éviter les plateformes et contenus les plus polluants. Le format vidéo en particulier consomme énormément de data et d’électricité. Certains sites et réseaux sociaux permettent de bloquer la lecture automatique.
- Faire du ménage dans nos fichiers. On n’a généralement pas besoin de stocker toutes nos données en ligne ou sur nos disques durs. Un tri régulier des documents inutiles et des mails obsolètes aide à réduire le besoin en serveurs d’hébergement. Cela vaut aussi pour nos sites internet.
- Favoriser le wifi à la 4G/5G, et couper les données mobiles quand on ne s’en sert pas.
- Choisir des forfaits téléphoniques avec seulement le nombre de data dont vous avez besoin.
Cela dit, rappelez vous que personne ne peut être à 100% parfait. On a toustes nos biais, besoins et incohérences. Par ailleurs, ce sont les grandes entreprises et les États qui ont le plus d’impact sur la planète mais font le moins d’efforts. Les actions collectives seront donc toujours plus efficaces que les petits gestes personnels.
Si vous souhaitez choisir un service numérique en prenant sa sobriété en compte, ou si vous souhaitez un audit de vos outils pour les optimiser au mieux, n’hésitez pas à me contacter pour qu’on en discute !
Ressources utiles
- CHATONS : sorte d’amap de solutions numériques plus sobres et locales, créée par un collectif d’hébergeurs libres et éthiques
- Le blog GreenIT.fr
- La MiNumEco qui pousse les institutions publiques à réduire leur empreinte numérique
- Les lois et recommandations du ministère de l’écologie
- L’émission Le meilleur des mondes de France Culture a dédié une chronique à la slow tech
- Un post LinkedIn expliquant les liens entre éco-conception et accessibilité