Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Il se trouve que je n’active presque jamais le son de mon téléphone, et que j’accumule rapidement de la fatigue visuelle. Ces deux paramètres font que de nombreuses publications ne me sont pas accessibles alors que je suis une personne (à peu près) valide.
Pourtant, l’Insee comptait en 2007 environ 9,6 millions de personnes handicapées en France.
Certaines personnes ne peuvent pas voir le texte qu’il y a dans une image ou entendre le son d’une vidéo. Il y a des gens qui ont des difficultés à différencier les couleurs, à lire un texte long, à déchiffrer certaines typographies. Divers handicaps moteurs ne permettent pas de facilement mettre une vidéo en pause.
Pour toutes ces raisons, et d’autres encore, il est important de penser à l’accessibilité avant de faire un post. Voici quelques conseils pour améliorer vos publications.
Le contraste
C’est un élément primordial dans la lisibilité de vos textes et visuels. Et il ne faut absolument pas vous fier à vos yeux ! Ce qui aura l’air bien contrasté pour vous, sera peut-être illisible pour quelqu’un d’autre.
Le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA, ou WCAG à l’international) conseille d’utiliser des couleurs ayant un rapport de 4,5/1 minimum.
C’est un calcul très compliqué, mais heureusement des outils existent pour tester le rapport de contraste entre 2 couleurs. Personnellement, j’utilise l’outil gratuit d’Adobe mais il en existe de nombreux autres.
Au final, les différents éléments de la publication (texte, images, pictogrammes…) seront bien visibles et différenciables par un maximum de personnes.
Le blanc tournant
On ne va pas monter des blancs en neige, mais parler d’un concept du monde du graphisme.
Le blanc tournant permet d’aérer un visuel et d’en faciliter la lecture. En effet, il sert à éviter d’avoir un effet d’encombrement, et rendra les différents éléments mieux visibles.
Dans l’imprimerie, on évoque le « fond perdu », qui est la marge extérieure laissée toujours vide en cas de souci lors de l’impression ou de la découpe.
Sur une publication numérique, réduire la largeur du contenu et laisser une marge suffisante autour des éléments limite la fatigue visuelle. C’est pour épargner aux yeux une partie de ping-pong en somme !
La lisibilité du texte
Attention à la lisibilité de votre typographie. Pour votre texte, il vaut mieux privilégier une typo en scripte plutôt qu’une typo façon calligraphie ou avec empattements* qui sont difficiles à distinguer. L’idéal est une typographie avec des lettres qui sont toutes différentes les unes des autres. Pensez aussi à avoir un espacement entre les caractères et un interlignages de taille suffisante.
Simplifiez vos phrases et synthétisez votre texte pour une lecture fluide. Les phrases trop longues peuvent perdre votre lecteurice, une vingtaine de mots maximum est plus confortable. C’est également ce qui est conseillé dans les pratiques de SEO* donc c’est tout bénef’ pour le référencement de votre contenu.
L’abus d’émojis dans un texte est aussi très fatiguant pour l’œil. Ils sont par ailleurs complexes à lire pour les logiciels de lecture d’écran utilisés par les personnes aveugles. On les place donc en début ou fin de paragraphe et non au milieu.
On voit de plus en plus sur les réseaux sociaux des textes écrits avec des caractères en faux gras ou faux italique. Et s’ils rendent le post plus joli, ils sont malheureusement impossibles à interpréter par les lecteurs d’écran. Je vous conseille cet article qui explique très bien le problème.
Du côté de l’écriture inclusive, elle n’est pas du tout incompatible avec l’accessibilité. Le fameux point médian peut être remplacé par un tiret, qui sera plus simple à lire. Mais on peut surtout utiliser des formulations ou termes épicènes* qui incluent tout le monde sans difficultés linguistiques.
Le texte alternatif
Si toute l’information de votre publication se trouve dans les images, comment une personne aveugle pourra-t-elle la lire ?
Le texte alternatif, souvent réduit en « alt text », est une option disponible sur la plupart des sites et réseaux sociaux qui sert à décrire factuellement des images. Ainsi, un lecteur d’écran pourra transmettre cette description de votre image à l’utilisateurice qui comprendra mieux votre publication.
Il est bon à noter que le texte alternatif est aussi utile en cas de problème technique ou de difficulté à charger les images. En effet, la description s’affichera au lieu d’un rectangle vide et évitera de perdre tout l’intérêt de l’image. Et c’est ici aussi une pratique SEO-friendly !
Les sous-titres
Encore aujourd’hui de trop nombreux médias ne sous-titrent jamais leurs vidéos. Ce sont pourtant des milliers de vues potentielles qui sont perdues.
Le sous-titrage est utile pour que les personnes sourdes puissent comprendre votre vidéo, mais il est aussi pratique pour les personnes n’activant pas le son ou celles avec certains troubles mentaux.
Pour une meilleure compréhension, pensez à ajouter dans les sous-titres les informations complètes comme les bruits ou le type de musique de fond par exemple.
Il existe de nombreux outils, voire même d’options intégrées aux réseaux sociaux, qui permettent de sous-titrer automatiquement les vidéos. Attention toutefois à faire une vérification manuelle, pour éviter les fautes et incohérences.
Quelques ressources
Vous avez désormais les bases pour créer des publications accessibles ! Je vous encourage tout de même de creuser le sujet, car le numérique devrait pouvoir être utilisé par toustes sans restriction liée à un handicap.
Voici donc quelques ressources qui m’ont servi dans la rédaction de cet article. Et mon petit doigt me dit que je publierai prochainement sur mon blog une présentation du RGAA…
- Le W3C (World Wide Web Consortium) qui codifie le web tel qu’il est utilisé par toustes, et rédige notamment les standards d’accessibilité listés dans le RGAA.
- Le site de Julie Moynat « La lutine du Web ».
- Le hashtag #A11Y (pour accessibilité) sur les réseaux sociaux.
- Les comptes Instagram Accessibilité Accessible et Les Mal-Entendus.
- Les personnes concernées ! De nombreuses associations et personnes évoquent régulièrement leurs besoins en terme d’accessibilité au quotidien.
Lexique
- Empattements : En typographie, ce sont les extensions qu’on trouve aux extrémités des caractères. Les typographies à empattement sont surtout utilisées pour les supports imprimés, en particulier la presse (la police de caractères Times New Roman est la typographie du journal Times). En Anglais, on dit serif, mot qu’on retrouvera souvent dans les noms des typos.
- Épicène : Terme neutre ne changeant pas selon le genre du sujet auquel il se rapporte. Par exemple, parler de clientèle plutôt que de clients ou clientes.
- SEO : Pour Search Engine Optimization, ou référencement naturel en Français. Ce sont toutes les pratiques qui consistent à optimiser un site web pour qu’il soit le mieux placé dans les moteurs de recherche. Ça passe par l’utilisation de mots clé, mais aussi par des pratiques d’accessibilité et de fonctionnement.